La chevalerie est souvent représentée comme la force de frappe des armées médiévales. Toutefois, les tactiques utilisées ont largement évoluées au fil des âges, comme il possible de le voir par l’évolution des miniatures les représentants, des équipements et des montures.
Pour commencer, la tradition militaire de cavalerie ne vient pas de l’empire romain mais a été apportée par les invasions barbares. Les romains utilisaient massivement de l’infanterie et leur cavalerie, dépourvue d’étriers, n’avait qu’un rôle d’éclaireur ou d’estafette. L’origine de l’étrier reste d’ailleurs une chose contestée, aussi je ne reviendrai pas dessus. Toujours est-il qu’il arrive en Europe entre le Vème et le VIème siècle.
Début du moyen âge, la cavalerie se développe mais n’a pas encore ce rôle déterminant sur le champ de bataille. Une représentation très célèbre de l’usage de la cavalerie : la tapisserie de Bayeux. En décembre 1066, les normands envahissent l’Angleterre avec environ 10.000 hommes et 3.000 chevaux. La tapisserie de Bayeux représente les cavaliers qui attaquent les rangs saxons avec la lance au dessus de la tête. A cette époque, les chevaux étaient très petits (comparés souvent à des Shetland actuels) et les chevaliers avaient presque les pieds qui trainaient par terre. La tactique était alors d’utiliser la lance comme un javelot. Les chevaliers se rapprochaient des lignes ennemies et délivraient une pluie de javelots avant de se replier. Ils tiraient alors leur avantage de leur mobilité plus qu’autre chose. Au corps-à-corps, les chevaliers combattaient généralement à l’arrêt. Il est même dit que les chevaliers normands descendaient de cheval pour prendre part aux combats avec l’infanterie pour les corps-à-corps.
Après la conquête de l’Angleterre, un gros travail est réalisé à travers l’Europe pour créer une race de chevaux plus grands et plus massifs, capables de porter les chevaliers directement dans les combats et de soutenir le poids des combattants, les destriers. A partir de là, l’équipement se modifie. La lance, jusqu’alors identique à celle de l’infanterie, se rallonge pour atteindre 3 à 4m. Elle se munie aussi d’une protection pour éviter qu’elle ne glisse des mains au moment de l’impact. C’est le début de la charge à la lance couchée et de la domination de la chevalerie sur le champ de bataille. Cette modification intervient entre 1066 (conquête de l’Angleterre) et 1096 (première croisade). La technique de combat à la lance couchée consistait à tenir la lance sous le bras et se tenir debout sur les étriers pour permettre de donner à la lance toute la force de la vitesse et du poids du chevalier sur son cheval.
La charge de chevaliers s’organise de manière précise. Les chevaliers sont répartis en 3 groupes appelés « bataille ». Ces 3 batailles vont charger en vagues successives la ligne adverse dans le but de l’empêtrer et de la disloquer en petits groupes faciles à éliminer. En réalité, les chevaliers étaient trop peu disciplinés et leur quête de gloire personnelle les poussait à attaquer en désordre, tout en respectant la bataille où ils avaient été assignés.
L’âge d’or de la chevalerie s’arrête quand l’infanterie développe des tactiques pour la contrer, principalement à cause des formations de piques qui empêchent les chevaux d’approcher et des arquebuses qui effrayaient les montures et perçaient plus facilement les armures.