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Sujet: Les joutes au moyen age Ven 24 Fév 2012 - 19:18
La joute
L'épreuve la plus spectaculaire était la joute, au cours de laquelle deux adversaires s'affrontaient directement, à pied et à cheval. Le chevalier défiait son rival en touchant de la pointe de l'épée le bouclier suspendu à son pavillon. Le défi devait alors être relevé.
Les joutes donnaient l'occasion d'admirer de superbes tenues.
Descendu dans la lice, le chevalier parait son armure resplendissante, manifestant ses sentiments envers sa dame, à qui l'on dédiait le combat : le chevalier portait au bras, sur la lance, ou autour du cou, un voile ou un mouchoir aux couleurs de celle-ci. Au XIVe siècle, il y eut aussi une reine du tournoi, choisie parmi les dames nobles, qui décernait le prix au chevalier le plus méritant ou mieux faisant de la journée. Ce prix était en général un joyau, souvent aussi c'était une faveur, c.-à-d. une écharpe, une coiffe ou une manche d'habillement de la dame elle-même. Très souvent, le mariage de la reine, ou de ses demoiselles d'honneur, terminait le tournoi.
Puis la joute commençait. Au signal des juges, les concurrents s'élançaient au galop l'un contre l'autre; le choc des lances contre les boucliers ou l'armure était terrible. Si aucun des deux adversaires n'était désarçonné, un nouvel engagement succédait au premier. Au contraire, si l'un tombait, l'autre mettait pied à terre et le duel continuait à l'épée ou à la masse. Le perdant devait reconnaître loyalement sa défaite, sinon les juges le déclaraient « hors de combat ».
Les joutes sont une symbolisation du moyen age, tant par son coté chevaleresque et courtois que par son coté violent.
Le vainqueur recevait non seulement le prix mis en compétition, mais aussi les armes, les chevaux et la personne même du vaincu : celui-ci était considéré comme prisonnier et recouvrait la liberté sous une rançon.
Histoire de la joute équestre
Les premières joutes équestres apparurent en France dès le XIIe siècle. À cette époque, les armures de plates n’existaient pas, les chevaliers étaient vêtus d’une cotte de mailles, d’un casque et d’un écu long en forme de goutte d’eau. Il n'y avait pas de lice pour protéger les concurrents qui s’élançaient et se faisaient parfois face en mêlée. Le risque de blessures graves était très important car les chevaux et les cavaliers pouvaient s’entrechoquer de face et très violemment en plein galop.
Les premières joutes.
Les compétitions pouvaient durer plusieurs jours et même plusieurs semaines. En mai 1390, les joutes équestres à Saint-Inglevert durent tout le mois.
L’église condamna rapidement ces épreuves de tournois et de joutes. Les Papes s’y opposèrent personnellement dès 1193. Certains souverains les interdisent, appréhendant les rassemblements de bandes armées rivales sur un même lieu pendant plusieurs jours.
L'équipements
Les armes employées dans les tournois devinrent, au XVIe et au XVe siècle, très différentes des armes de guerre, mais, à l'origine, elles ne s'en distinguaient pas. Les armes étaient généralement peintes de couleurs voyantes. Les armes courtoises, qui apparaissent au XIIIe siècle, étaient l'épée sans pointe ni taillant, la masse de bois dur sans aspérités.
La lance, dans la joute, était courte et se terminait par un rochet ou fer émoussé formé de plusieurs petits mamelons obtus, ce qui les empêche d’entrer dans la vue d’un heaume . La garde ou rondelle de la lance atteignait de grandes dimensions. A la place où elle portait sur le contre-faucre (voir plus bas), la lance était munie d'une aggrappe, formée d'entailles en forme de billettes, destinées à l'empêcher de glisser.La plupart des perfectionnements apportés aux armes de tournoi eurent lieu vers 1380.
Les jouteurs portèrent désormais un grand heaume et le bouclier devint plus petit mais les cavaliers se croisaient sans séparation. Les accidents mortels étaient très nombreux et des règles commencèrent peu à peu à s’instaurer. Les armures de plates firent leur apparition fin XIVe, elles commencèrent à se spécialiser spécialement pour la joute.
Armure joute. Elle protège davantage le flanc gauche du chevalier.
Le casque de joute eut successivement la forme du heaume, du bassinet, de la salade et de l'armet. Il était solidement assujetti à la cuirasse par des pattes en fer, afin de ne pas être enlevé par un coup de lance. Le timbre devint très aplati, à partir de 1390 environ, et donna la forme dite en tête de crapaud. La vue n'était plus formée que par la suture des deux parties du heaume. Le poids du casque atteignait quelquefois près de 10 kg.
Un cimier le surmontait, principalement en Allemagne, ainsi qu'un « volet » ou couvre-chef. Le devant du timbre portait souvent, au XVe et au XVIe siècle, de petites plaques mobiles maintenues par un ressort et qui se détachaient tout d'un coup, quand, par un tour d'adresse très prisé, l'extrémité de la lance venait les frapper. La grande armure de Maximilien en est pourvue.
Un heaume spécialement prévu pour la joute. Les risques qu'une lance atteigne le chevalier sont très faibles, car il lui suffisait de lever la tête pour ne laisser aucune faille.
Armure de joute Maximilienne.
La cuirasse de tournoi était percée de trous pour être plus légère. La cuirasse de joute portait, sur le coté droit, le faucre terminé par le contre-faucre, qui servait à arquebouter les bois de la lance. Dans les joutes d'adresse, la cuirasse portait aussi des plaques mobiles à ressort, qui se détachaient sous le choc de la lance. La Cuirasse était recouverte par la cotte d'armes. Toute l'armure de tournoi était fortement rembourrée.
Le contre-faucre servant à caler la lance.
Le bouclier était concave, très souvent échancré d'une ouverture pour laisser passer la lance. Le manteau d'armes tenait souvent lieu de bouclier rivé sur l’épaule gauche. Il était strié pour favoriser la casse de la lance au moment de l'impact . Le bouclier portait des armoiries, au développement desquelles les tournois contribuèrent beaucoup.
Diverses parties du corps étaient protégées par des pièces complémentaires : gilettes aux épaules, brassards, gantelets et surtout garde-cuisses, qui emboîtaient les jambes et les fixaient contre la selle. Le cheval était aussi armé et revêtu d'une housse armoriée.
La dangerosité de ce sport nécessitait bien des adaptations, tant au niveau des armures qu’au niveau des lances. Elles évoluèrent également et devinrent de plus en plus lourdes avec une garde et une arrière main qui faisait office de balancier.
On aperçoit clairement le balancier sur la lance.
C’est surtout au XVIe siècle que les armures devinrent très perfectionnées, ce qui n’empêcha pas Henri II d’être mortellement blessé par son capitaine de la garde écossaise.
Par sécurité, une barrière, la lice, au long de laquelle galopent les chevaliers en sens inverse est mise en place à la fin du XIVe siècle. Les contre lices apparaissent également, elles évitent aux chevaux de faire des écarts une fois lancés dans la lice.
Activité bien moins violente que le tournoi, la joute équestre fut toutefois la cause d'un nombre important de morts et de blessés. Le 15 février 1515, un mort fut à déplorer à l’occasion d’une joute équestre donnée en l’honneur de l’entrée de François Ier à Paris. Le roi de France était un passionné et y brilla durant sa jeunesse.
Réglement des joutes
Contrairement à une idée reçue, l'objectif du jouteur n'était pas de faire chuter son adversaire. Pour être déclaré vainqueur, il fallait briser le plus possible de lances sur l'armure des autres jouteurs. En cas d'égalité, la longueur du morceau brisé permettait de départager les deux chevaliers. Il était interdit de frapper ailleurs que sur l'écu ou sur la bavière du heaume. Une lance n'était déclarée réellement rompue que lorsque l'éclat était complètement séparé du tronçon.
La dernière joute
Le 1er juin 1559 marqua le début des jeux donnés à Paris après la signature de la paix du Cateau-Cambrésis. Cette compétition devait célébrer la paix conclue avec la Maison d'Autriche et scellée par un double mariage. Ces festivités sportives durèrent tout le mois de juin et comprenaient notamment des joutes équestres. Le vendredi 30 juin 1559 les joutes commencent à Paris, rue Saint-Antoine, dépavée pour la circonstance et recouverte de sable. Mécontent de sa première prestation contre Montgomery, le roi exige une seconde lance, ce qui est contraire à l'usage.
Montgoméry oublie de changer de lance ce qui était aussi contraire à la coutume. Le choc entraine la rupture de cette lance qui pénètre à travers la visière du casque d'Henri II. Après bien des tentatives, les médecins du royaume ne pourront le sauver. Le roi agonisa dix jours, puis mourut. La reine Catherine de Médicis interdit alors les joutes signant du même coup l’arrêt de mort des tournois, et des autres Pas d'armes en France. Les épreuves équestres à la lance furent remplacées par des jeux d'adresse martiaux, la quintaine et le jeu de l'anneau..
La mort d'Henri II signe la fin des joutes.
Cet épisode apparemment anecdotique, est en fait riche de conséquences sur le plan politique et symbolique : En premier lieu, on remarque que les rois du XVIe siècle, François Ier et Henri II, étaient les premiers souverains de la Renaissance française, mais ils étaient encore très attachés à l'idéal chevaleresque : en organisant des joutes, Henri II montre qu'il est avant tout le premier des seigneurs de France et qu'il doit comme tout seigneur faire preuve de vaillance et de courage. Sur le plan historique, cette joute a changé le visage de la France : si Henri II n'était pas décédé, le prolongement normal du règne aurait assuré la répression de l'hérésie protestante et aurait ainsi évité la guerre civile.
Ce triste épisode marqua la fin des joutes. Toutefois la langue française conservera de ce sport certaines expressions, telles «entrer en lice» et «rompre des lances».
Antoine de Pluvinel enseigna l’art de la Joute au XVIIe siècle à Louis XIII. C’est l’un des rares recueils où l’utilisation de la lance et des angles d’attaques sont clairement expliqués.
Les joutes modernes
Aujourd’hui, ce sport a pris un second souffle. La version sportive est différente des spectacles organisés avec des acteurs-cascadeurs qui ont des lances pré-cassées. Les compétitions se pratiquent en armure de plates et les lances sont en frêne sous deux version en bois plein, ou munie en terminaison par un court insert en balsa pour légèrement amortir l'impact. Ce sont surtout les Anglais et les Belges qui ont remit la joute équestre au goût du jour en Europe. Des compétitions internationales sont régulièrement organisées.
En Angleterre, le célèbre musée de Leeds, le Royal Armouries, organise tous les ans en avril une joute équestre version XVe. Seuls les meilleurs jouteurs mondiaux y sont conviés. Les lices de compétitions mesurent environ 40 mètres de longueur. Des épreuves sont également organisées aux USA, Canada, Nouvelle-Zélande, Belgique, Pologne, et en Norvège.
Les joutes équestres sportives ont été présentées plusieurs fois au Salon du cheval de Paris, mais ce sport reste encore confidentiel en France, bien qu’elle en fut le berceau. Actuellement on compte à peine une dizaine de cavaliers français qui pratiquent la joute équestre sportive de compétition. Sport de tradition, il est toujours respecté durant les épreuves actuelles, eu égard à tous les cavaliers qui ont été tués durant près de 500 ans de pratique. Briser une lance sur son adversaire reste toujours un honneur.
Règlement des joutes modernes
Les passes se font exclusivement au galop, les lances s'abaissent progressivement pour venir toucher le cavalier adverse qui vient sur la gauche. Il est préférable de galoper tout près de la lice, sinon, il y a risque de manquer l’adversaire au passage. Il est interdit de toucher le cheval sous peine de disqualification. Ce sport est difficile car il exige d'être un bon cavalier (niveau galop 4 minimum pour les épreuves), précis dans le maniement de la lance. Un bon mental est également nécessaire, en effet, une fois le cheval lancé dans la lice, on ne peut plus revenir en arrière, le choc est inéluctable.
Le cheval est un partenaire essentiel car il fait corps avec son cavalier. Un bon cheval de joute présente son épaule antérieure pour donner une impulsion supplémentaire à la lance. Si la monture ne veut pas jouter en refusant d’entrer dans la lice ou en y trottant du tout le long, le cavalier est disqualifié, même si celui-ci est un champion reconnu. Le cheval de joute doit tomber au galop dès les premières foulées et s’arrêter net à la fin de la lice. Ce type de cheval demande un dressage et un entrainement particulier.
Les joutes au cinéma
Le cinéma a popularisé les joutes en 1952 avec Robert Taylor jouant le rôle de Ivanohé et plus récemment en 2001, avec le film Chevalier (Titre original : A Knight's Tale) et l’acteur Heath Ledger.
Sources:
- http://www.arena-stadium.eu.org/2500-ans-histoire/3-Moyenage/2-jeux-de-nobles.html - wikipedia - histoire france.net[b] - http://www.cosmovisions.com/jeux/tournoi.htm - Armae - Merci à Dame Ewel pour la vidéo "Full Metal Jousting"
Dernière édition par Helric le Mar 20 Mar 2012 - 21:49, édité 1 fois
Segwarides Doubles Lames Pendragon
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Sujet: Re: Les joutes au moyen age Ven 24 Fév 2012 - 19:54
Merci pour ce post intéressant et qui se lit facilement ! J'en appris pas mal de choses, et tu as mis bas à quelques clichés que j'avais en tête (sur le désarçonnement notamment).
Tu penses que retrouver les règles des anciennes joutes reste possible ?
Odon le Hardi Grand bûcheron du nord
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Sujet: Re: Les joutes au moyen age Sam 25 Fév 2012 - 11:04
Alors Helric ne post pas souvent, mais quand il le fait, ça envoie de la buchette ! c'est un super post, et intéressant en plus ! être un champion devait etre vraiment honorifique et permettai d'avoir une sacrée fortune.
Helric Doigt Brisé II
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Sujet: Re: Les joutes au moyen age Mar 20 Mar 2012 - 21:53
Amélioration du post original (sans être certain à 100% de la fiabilité des infos).