Voici une vieille légende bretonne, vous retrouverez, dans un style différent quelques similitudes avec la légende arthurienne.
La légende de la ville engloutie d’Ys prit forme sans doute au XVe siècle. Elle nous rapporte l’histoire du roi Gradlon, roi très chrétien qui aurait vécut en Cornouailles au Ve siècle. Ce roi épousa une princesse scandinave nommée Malven, ou Malgven. La belle princesse offrit à son époux un cheval « magique » au nom de Morvac’h, d'un noir flamboyant et au regard de braise, qui n'avait pas son égal sur toute la Terre.
Après avoir séjourné dans le nord, le roi décida de rentrer en Cornouailles. Au cours du voyage sa femme accoucha d’une petite fille et en mourut. L’enfant, née sur les eaux fut appelée Dahut et devint fille de la mer.
De retour chez lui, Gradlon entra dans un grand deuil, et sous l’influence d’un saint homme, Corentin, le roi commença alors un règne pacificateur tout en élevant églises et cathédrales dans ses villes et villages, et notamment à Quimper.
Les années passant, Dahut devint une belle jeune fille à la chevelure d’or, elle passait ses soirées au bord de l’océan à peigner ses cheveux et à dialoguer avec les flots en chantant.
Cependant, dans ce pays devenu chrétien, Dahut s’ennuyait terriblement et avait de plus en plus la religion en horreur. Elle supplia son père de lui bâtir une cité sur les flots.
Son père céda malgré les exhortations de Corentin et, en baie de Douarnenez, il éleva une cité blanche somptueuse. Ainsi naquit la cité d’Ys, qui n’avait pas son égal de part le monde et ce lieu se remplit de festivités, de jeux et de danses à toute heure et en tout temps.
Cependant, la notoriété de la cité s'étendait désormais à tous les royaumes du continent, et chaque jour c'était nombre de princes et de représentants qui arrivaient pour rendre leurs hommages à la belle Dahut. Et celle-ci les recevait bien mieux qu'on ne se l'imagine... Elle organisait chaque soir de grands banquets, puis choisissait dans le lot un amant pour passer la nuit. Ses serviteurs lui remettaient un masque pour que l'élu ne soit pas reconnu quand il irait rejoindre la princesse. Or le masque était ensorcelé, et l'aube pointant, il étranglait le malheureux qui le portait. Alors un homme habillé en noir, aux ordres de Dahut, allait jeter le corps au fond du gouffre du Huelgoat, en offrande à la mer.
Or, un soir, un prince magnifique vêtu de rouge et à l’œil de feu, arriva à la cour. Il résista aux attaques de la princesse et ce fut elle qui tomba éperdument amoureuse de lui. L’étranger eut alors une très grande influence sur elle.
La ville d'Ys avait été bâtie contre les flots, et ce qui empêchait que la mer s'y engouffrât et la submergeât, c'était un ingénieux système d'écluses, que nul ne pouvait ouvrir sans en posséder les clefs. Or les clefs, c'était Gradlon qui les avait toujours autour de son cou... Et l'étranger réclama à Dahut les clefs de la ville. Sous son emprise, celle-ci lui obéit et alla les dérober à son père durant son sommeil. Alors, l'étranger se découvrit sous son vrai visage : celui du Diable. Avant que Dahut n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, il disparut et toutes les portes des écluses furent ouvertes, et dans un tumulte effrayant l'Océan envahit la Cité.
Réveillé en sursaut par l’évêque Guénolé (ou Gwénolé), Gradlon enfourcha son fidèle destrier, Morvac’h et prit Dahut en croupe. Le cheval se cabrait et l’eau montait. Dahut criait : « Sauvez-moi, Père »
Guénolé ordonna au roi de jeter le démon qui était assis derrière lui, mais il ne le pouvait... C'était sa fille, quand même ! Alors, Guénolé la poussa de sa crosse et Dahut bascula dans les flots pour y disparaître. Alors l'Océan s'apaisa. Mais la cité était engloutie.